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"La vérité de l'étayage, c'est la séduction."  Jean Laplanche

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Jean Laplanche

laplanche10Jean Laplanche est né à Paris le 21 juin 1924 et est mort à Beaune le 6 mai 2012. Psychanalyste, psychiatre et professeur, il a laissé une œuvre qui se déploie dans plusieurs dimensions.

Ancien élève de École Normale supérieure, agrégé de philosophie, docteur d’état en lettres et sciences humaines, interne des Hôpitaux psychiatriques, professeur à la Sorbonne, professeur émérite à l’Université Paris VII, docteur honoris causa des universités de Lausanne, de Buenos Aires et d’Athènes, il a été nommé chevalier des Arts et des lettres (1990), il a aussi reçu le Mary S. Sigourney Award (1995). 

Jean Laplanche a été membre fondateur et, par la suite, président de l’Association psychanalytique de France.  Outre son engagement dans la pratique de la psychanalyse et dans la formation des psychanalystes, il a assumé d’importantes responsabilités éditoriales: il a dirigé la Bibliothèque de psychanalyse (Presses Universitaires de France), la collection Voies nouvelles en psychanalyse et la revue Psychanalyse à l’université.  Il a de plus dirigé la publication d’une nouvelle traduction des œuvres complètes de Freud (OCP/ Psychanalyse, Presses Universitaires de France). Il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et conférences dont les références figurent dans la bibliographie publiée sur ce site.  

Photo: Melanie Gribinski © 

L'oeuvre de Laplanche peut se regrouper sous quatre thèmes: 


Jean Laplanche lecteur de Freud

vocabulaire... Le Vocabulaire de la psychanalyse rédigé en collaboration avec Jean Bertrand Pontalis, constitue un apport décisif à la pérennité de l’œuvre de Freud. 

Il s’agit d’un ouvrage de référence essentiel sur les concepts de la métapsychologie freudienne, traduit dans une quinzaine de langues.

Par ailleurs, la recherche de Laplanche, telle qu’il l’a synthétisée dans sa propre théorie, a donné un relief particulier à des concepts moins connus jusqu’alors et a mis en évidence des aspects inédits de notions classiques et de leur articulation dans les différents moments de la pensée freudienne...

 

 

 


Jean Laplanche,  traducteur de Freud

Ce travail de lecture de Freud est indissociable de l’engagement de Laplanche en tant que traducteur.vocabulaire

Directeur scientifique de la nouvelle traduction en français des œuvres complètes de Freud, Laplanche a exposé et justifié les choix scientifiques, terminologiques et stylistiques qui ont guidé cette traduction.

Ces choix témoignent d’une prise de position sur la contribution de la traduction à l’approfondissement théorique de l’œuvre de Freud. Laplanche soutient l’existence d’un idiolecte freudien, dont la reconnaissance est selon lui essentielle pour ne pas glisser dans la naturalisation des concepts métapsychologiques.

Cette reconnaissance implique l’exigence de «rendre Freud dans un français freudien» (F. Robert), qui le conduit à privilégier une littéralité parfois critiquée plutôt que le style littéraire et plus naturel des traductions précédentes.

Cette position relève de choix théoriques sur la traduction, que Laplanche a notamment développés dans Traduire Freud, de même que dans quelques autres articles, dont Clinique de la traduction freudienne, Le mur et l’arcade, Spécificité des problèmes terminologiques dans la traduction de Freud, Les échecs de la traduction...

 


Jean Laplanche,  auteur d'une théorie originale

La traduction occupe par ailleurs une place centrale dans l’œuvre de vocabulaireLaplanche, où elle est reprise d’un point de vue métapsychologique.

Laplanche est l’auteur d’une théorie originale en psychanalyse. En restant au plus près de la découverte de Freud, il a proposé de Nouveaux fondements pour la psychanalyse, qui l’ont amené à redéfinir plusieurs de ses concepts de base.

La pensée de Laplanche s’est élaborée par étapes, à partir d’une interrogation à la fois critique et historique, permettant de dégager une problématique de l’objet de la psychanalyse, en l’occurrence de l’inconscient sexuel et des voies qui permettent d’y accéder.

La pensée de Laplanche s’est systématisée sous la forme de la Théorie de la séduction généralisée. Cette théorie s’articule autour de deux éléments :

  • la situation anthropologique fondamentale et
  • l’hypothèse traductive du refoulement.

Elle procède d’un constat : si la psychanalyse n’a pas inventé l’inconscient sexuel, elle l’a cependant découvert dans la mesure où elle a mis en lumière son altérité radicale par rapport à la conscience et la spécificité du mode d’action de ses dérivés. Ceux-ci se présentent sous la forme d’une force étrangère au sujet, inaccessible aux actions éducatives et aux bonnes intentions.

Cette force est irréductible à une psychologie des besoins ou de la motivation, et résiste à toute logique du sens et de la communication. Elle agit dans l’ensemble des activités humaines.

C’est pourquoi la métapsychologie ne doit pas seulement porter sur la conception psychanalytique de l’âme humaine et la genèse de l’inconscient sexuel, mais doit aussi pouvoir rendre compte du mode d’action de la pratique psychanalytique.

La théorie de Laplanche se distingue de façon significative des principales orientations postfreudiennes. Elle réaffirme la centralité de la sexualité dans la vie psychique et montre que la psychanalyse, en raison du mode d’investigation des processus inconscients qu’elle a institué, contribue de façon unique à la compréhension de la sexualité humaine, dont les manifestations non seulement se concrétisent dans la vie sexuelle et érotique au sens habituel du terme, mais agissent sur le corps, sont indissociables de la subjectivité, ont un impact sur le fonctionnement cognitif et les états affectifs et, de ce fait, doivent être pris en considération dans toute théorie de la société.

Cette position relève de choix théoriques sur la traduction, que Laplanche a notamment développés dans Traduire Freud, de même que dans quelques autres articles, dont Clinique de la traduction freudienne, Le mur et l’arcade, Spécificité des problèmes terminologiques dans la traduction de Freud, Les échecs de la traduction...


Jean Laplanche, philosophe

L’œuvre de Laplanche est aussi un travail de philosophe.

Elle s’inscrit dans une tradition épistémologique qui suppose une conception spécifique du rôle de la théorie et de son rapport à la vérité. Elle implique aussi une relation particulière avec la réalité et, notamment, la reconnaissance des liens qui unissent théorie et pratique.

Laplanche rejette l’opposition communément répandue entre la psychanalyse comme théorie et la psychanalyse comme pratique thérapeutique. Sa métapsychologie est aussi une anthropologie. Elle recherche « des catégories universelles de l’être humain et du devenir humain».

La sexualisation constitue l’une de ces catégories. La genèse de la sexualité infantile marque en effet un moment essentiel de l’humanisation. Elle met en œuvre un processus par lequel l’être humain s’affranchit de l’ordre du vivant.

Dans la théorie de la séduction généralisée, la sexualisation n’est jamais confondue avec la sexuation. Cette théorie s’avère en conséquence particulièrement fructueuse, non seulement pour de nouveaux développements dans la théorie du genre, mais aussi pour établir des ponts entre la psychanalyse et les autres disciplines des sciences humaines et des sciences sociales.

Enfin, le concept de traduction qui occupe une place centrale dans la métapsychologie de Laplanche, permet de rendre compte de la psychanalyse comme pratique de transformation. L’intérêt pour la traduction recouvre un souci de trouver un fondement théorique à la transformation, à la capacité qu’ont les contenus et les formes de la pensée de se transformer.

Il ne s’agit cependant pas de n’importe quelle transformation: l’éthique de la traduction implique l’idée d’une langue ou d’une formulation, vers laquelle on peut tendre et qui serait toujours améliorée, toujours plus vraie. L’activité de traduction se déploie en effet dans la sphère de l’améliorable, du perfectible.

Dans la théorie de Laplanche, la visée de transformation rejoint une visée d’émancipation. Indissociable de la conception de l’aliénation, qui résulte du mode de formation de l’inconscient et qui se manifeste de façon concrète dans le réalisme de l’inconscient sexuel, cette théorie repose sur le postulat d’une forme de vie d’âme plus libre, à laquelle chacun est en droit d’aspirer.


Cette présentation de Jean Laplanche par Hélène Tessier est également disponible sous forme de texte complet.