Jean Laplanche et la théorie de la séduction généralisée (1)
La théorie de la séduction généralisée situe le champ épistémologique de la psychanalyse à la frontière de l’humain et du vivant : Laplanche tient fermement à concevoir la psychanalyse comme une théorie de l’âme humaine et cette position explique les principales caractéristiques de la théorie de la séduction généralisée qui peuvent se regrouper sous quatre rubriques :
1) Le caractère « copernicien »
Laplanche a dénoncé le "fourvoiement biologisant de la sexualité" en psychanalyse. Ce fourvoiement constitue selon lui un cas particulier de la « lignée génétique », qui a marqué la psychanalyse dès ses débuts. Cette lignée a eu paradoxalement pour effet de refermer sur lui-même - soit sur la biologie, soit sur la subjectivité psychologique, soit sur un atavisme mythique et immémorial qui précéderait l’histoire individuelle - un sujet dont la psychanalyse avait voulu au contraire montrer le décentrement. Laplanche est resté fidèle à cette exigence en mettant en évidence le primat de l’autre dans la formation de l’âme humaine. Du point de vue sexuel, écrit Laplanche, l’être humain, « gravite autour de l’autre » . C’est pourquoi la théorie de la séduction généralisée repose sur deux notions : la séduction et la traduction. La première fait inéluctablement intervenir l’autre : l’autre à la fois séducteur et émetteur du message par lequel opère la séduction. Cet autre s’incarne dans l’adulte concret et historique qui prend soin de l’enfant et dont l’analyste, dans les conditions strictes du cadre et de la méthode analytiques, peut par moment prendre le relais. La seconde confère au génie propre de l’enfant un rôle irréductible dans la traduction qui fait de lui un herméneute.