Jean Laplanche,  philosophe

 philosophyL’œuvre de Laplanche est aussi un travail de philosophe.

Elle s’inscrit dans une tradition épistémologique qui suppose une conception spécifique du rôle de la théorie et de son rapport à la vérité. Elle implique aussi une relation particulière avec la réalité et, notamment, la reconnaissance des liens qui unissent théorie et pratique.

Laplanche rejette l’opposition communément répandue entre la psychanalyse comme théorie et la psychanalyse comme pratique thérapeutique. Sa métapsychologie est aussi une anthropologie. Elle recherche « des catégories universelles de l’être humain et du devenir humain»[14].

La sexualisation constitue l’une de ces catégories. La genèse de la sexualité infantile marque en effet un moment essentiel de l’humanisation. Elle met en œuvre un processus par lequel l’être humain s’affranchit de l’ordre du vivant.

Dans la théorie de la séduction généralisée, la sexualisation n’est jamais confondue avec la sexuation. Cette théorie s’avère en conséquence particulièrement fructueuse, non seulement pour de nouveaux développements dans la théorie du genre[15], mais aussi pour établir des ponts entre la psychanalyse et les autres disciplines des sciences humaines et des sciences sociales.

Enfin, le concept de traduction qui occupe une place centrale dans la métapsychologie de Laplanche, permet de rendre compte de la psychanalyse comme pratique de transformation. L’intérêt pour la traduction recouvre un souci de trouver un fondement théorique à la transformation, à la capacité qu’ont les contenus et les formes de la pensée de se transformer.

Il ne s’agit cependant pas de n’importe quelle transformation: l’éthique de la traduction implique l’idée d’une langue ou d’une formulation, vers laquelle on peut tendre et qui serait toujours améliorée, toujours plus vraie. L’activité de traduction se déploie en effet dans la sphère de l’améliorable, du perfectible.

Dans la théorie de Laplanche, la visée de transformation rejoint une visée d’émancipation. Indissociable de la conception de l’aliénation, qui résulte du mode de formation de l’inconscient et qui se manifeste de façon concrète dans le réalisme de l’inconscient sexuel, cette théorie repose sur le postulat d’une forme de vie d’âme plus libre, à laquelle chacun est en droit d’aspirer.

Cette présentation de Jean Laplanche par Hélène Tessier est également disponible sous forme de texte complet..

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